Le Krav-Club

"Dans la rue, il n'y a pas de règle."

tactique

Pour conclure à la fois la série sur les aptitudes pour survivre à une agression et sur la chronologie des agression, nous allons voir pourquoi et comment rester sur le qui-vive jusqu'au bout lors d'une agression. Je vous préviens : vous allez être choqués par un petit test à faire vous même et une histoire vraie !

Pourquoi rester alerte

Dans la rue vous ne pouvez pas connaître la situation dans son ensemble. Peut être que le lourdeau qui vous a ceinturé et dont vous vous êtes facilement débarrassé était là pour vous immobiliser quand son copain viendrait vous prendre à coup de casque de scooter. Peut être aussi qu'il a un couteau dans la poche et va être tenté de s'en servir après avoir été corrigé.

Tout ça est d'autant plus difficile à percevoir que pendant l'agression vous allez vous focaliser sur votre assaillant. Il faut aussi ajouter l'effet tunnel qui réduit le champ de vision sous stress (dans l'article en lien l'adrénaline, la peur et une perte de sang sont listés comme cause). Donc volontairement avec la focalisation et involontairement avec l'effet tunnel, vos capacités de perception sont diminuées.

Le test choquant

Pour se rendre compte à quel point on peut passer à côté de quelque chose, regardez cette vidéo en entier en suivant les instructions.

Maintenant que vous l'avez vue, découvrez le VRAI résultat (passez votre souris sur la zone verte) :

Vous avez vu qu'un homme déguisé en gorille passe tranquillement au milieu des joueurs ?

Autant dire qu'occupé à vous libérer d'un étranglement, vous n'avez peut être pas vu la bande de dix jeunes, un poil querelleurs, qui vient d'arriver... Dites en commentaire ce que vous pensez de ce test !

Une fois le danger initial il faut donc non seulement s'en extraire pour éviter qu'il ne recommence, mais en plus le faire en évitant de nouveaux dangers.

Comment rester vigilant

D'un point de vue tactique vous avez deux options : la fuite ou tenir le terrain.

Si vous prenez la fuite

La première solution est souvent la moins dangereuse. Encore faut-il savoir où aller ! On voit beaucoup de pratiquants de self-défense foncer systématiquement dans la direction opposée de l'agresseur et ça peut conduire à la catastrophe ! En plus des phénomènes déjà évoqués vous n'êtes toujours pas équipés de caméra de recul et ne savez rien de ce qui s'est passé dans votre dos... En règle général on a plus intérêt à partir dans une direction qu'on a directement en visuel. Quand ce n'est pas une option, il faut que la rotation de la tête amorce le mouvement de façon à voir au plus tôt ce qu'on va rencontrer.

Fuire est souvent la solution la moins risquée

Si vous restez en garde

Le problème de la fuite est qu'on ne peut pas toujours l'utiliser à cause de l'environnement, de notre état ou des personnes qui nous accompagnent. Dans ces cas là il faut prendre de la distance tout en se mettant en garde et "scanner" les environs. Il faut au plus vite faire un quart de tour pour pouvoir observer la zone qui se trouvait dans votre dos. Il faut balayer les alentours du regard en tournant largement la tête, un peu comme pour passer le permis. Le but n'est pas de faire plaisir à votre instructeur mais de compenser la réduction du champ de vision de l'effet tunnel. Une petite astuce consiste également à baisser le menton, ce qui permet de ne plus être bloqué par l'arcade et augmente donc le champ de vision.

En garde scannez votre 
environnement

Vous ne pourrez pas rester indéfiniment là, il faudra bien que vous finissez par partir une fois que vous aurez estimé que vous pouvez le faire sans danger. Peut-être avec moins de danger que si vous restiez là en fait...

Une fois en sécurité

Vous êtes partis, c'est très bien mais ce n'est pas finit !

S'assurer que tout le monde est entier

Il faut vous vérifier que vous et les personnes qui vous accompagnent n'êtes pas blessés. Je vous conseille d'ailleurs de vous former aux premiers secours. En France la formation qui convient le plus souvent est le PSC-1 (premier secours de niveau 1) que vous pouvez faire chez les pompiers, la croix-rouge ou la protection civile. Vous devrez quoi qu'il en soit prévenir les secours en cas de blessé, y compris vos agresseurs si le cas est sérieux. Car sinon vous pouvez être poursuivi pour non assistance à personne en danger. Par contre je ne vous conseille pas de lui porter secours vous-même. S'il est conscient il peut s'acharner sur le chemin de la violence et même s'il est inconscient ses amis ou des témoins qui n'ont pas tout compris pourraient croire que vous vous en prenez encore à lui (le pauvre)!

Appeler les services compétents

Vous allez donc appeler les secours qui vous poserons toutes les questions nécessaires, même s'il est préférables de donner son nom, le lieu, une description des blessures et le nombre de victimes, si vous ne devez ne retenir qu'une chose c'est de ne pas raccrocher tant qu'on ne vous y autorise pas. Les secours se chargeront normalement de prévenir la police.

Qu'il y ait des blessés ou non vous êtes censé prevenir la police ou la gendarmerie. Si vous avez appelé les secours ils s'en chargent normalement. Le comportement au téléphone est le même qu'avec les secours.

Les numéros à composer en France sont le 15 pour le SAMU ou le 18 pour les pompiers et le 17 pour la police ou la gendarmerie. Dans toute l'Europe le 112 vous permet d'avoir un interlocuteur parlant votre langue et en lien avec les secours et les services de police.

L'anecdote qui tue (vraiment) et le mot de la fin

On constate qu'environ 70% des soldats refont des gestes qui font partie du rituel d'entraînement lors des fusillades les plus intenses, comme par exemple ramasser les douilles à la fin d'un chargeur (cf fiche 04 - 04 comportement automatiques intégrés dans NEUROCOMBAT 1). Sous stress, le cerveau ne peut faire que ce qu'il sait déjà faire et rien d'autre. Ces soldats savent tous très bien qu'il ne faut pas ramasser ses douilles sous le feu ennemi, mais ils ne peuvent pas faire autrement : ils étaient en pilote automatique !

Il faut donc régler correctement ce pilote automatique, et pour ça il faut bouger, parler, vous comporter au plus près possible de ce que vous pensez devoir faire "en vrai".

En ce qui concerne le sujet du jour : dès que vous arrivez à faire la technique en entier "grosso-modo", ne vous arrêtez pas en plein milieu si vous ratez et ne restez pas non plus à coté de votre partenaire d'entraînement à la fin ! Comme on l'a vu, en situation réelle vous ferez ce que vous avez toujours fait, donc au mieux vous allez faire une petite pause avant de vous rendre compte que vous devriez être en train de courir ou de vous éloigner en garde. Et cette petite pause peut suffire à votre agresseur pour reprendre ses esprits et vous agresser à nouveau !

Appliquez ce principe à tout ce que vous faites pour vous préparer et comme disent les américains : Train as you fight !

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