A l'occasion de la formation instructeur que donnait Megan Cohen Berkman, membre fondateur et instructeur en chef de KRAVolution, j'ai eu la chance de l'interviewer. Vous allez découvrir la vision du Krav-Maga d'une des références mondiales du Krav-Maga !
J'ai commencé le Krav-Maga à mes 18 ans pendant mon service militaire dans l’IDF, au début en tant que sergent dans un camp d’entraînement. Je suis ensuite devenue instructrice de Krav-Maga. Pendant mes deux années de service, j'ai enseigné à des centaines de soldats et j'ai eu la chance de rencontrer Imi Lichtenfeld. Pendant cette période je me suis entraînée avec des instructeurs de Krav-Maga du plus haut niveau. Je suis ainsi devenu la première instructrice femme chez IKMF.
Mais mon engagement dans le sport et les méthodes d’entraînement ont commencé bien avant cela. À l’age de 14 ans j'entraînais déjà des équipes d’enfants au handball et j'ai été membre de l'équipe nationale de Handball quand j'étais au lycée. Je suis aussi professeur diplômé de gymnastique, de culture physique et d’entraîneuse personnelle au "Wingate Institute" en Israël.
En 1995, j'ai fait partie des personnes qui ont amené le Krav-Maga en France et dans les pays voisins. Je suis ensuite retournée en Israël en 2009. Cela fait bientôt 30 ans que je me suis impliquée dans le Krav-Maga, en voyageant à travers le monde pour donner des cours, des séminaires et diffuser cette discipline (Etats-Unis, Canada, Australie, Grande Bretagne, France, Italie, Grèce, Allemagne, Hongrie, Bosnie,Pays-bas, Chypre, Suisse, Espagne et d'autres encore).
Les élèves ont plus de possibilités, pourvu que ça soit logique, par rapport à la distance et aux principes du Krav-Maga.
On trouvait qu'IKMF entraînait les élèves pour les passages de grades et on finissait par oublier les principes du Krav-Maga. En attaque, en défense, pour l'ouverture des techniques, tout était très strict : "Ok, ça c'est la technique dans le dvd pour le passage de grade". Si ta main n'était pas comme ça ou si tu n'as pas fait exactement comme dans la vidéo, tu n'avais pas validé la technique même si ta technique était bonne.
On a décidé qu'on prendrait tous les principes et qu'on les enseignerai comme il faut depuis le B1 (l'équivalent du P1). Et c'est ce qui est attendu des élèves lors des passages de grade. Par exemple, pour une défense interne contre un coup de poing direct au visage, avant on faisait défense intérieur, on poussait un peu, on faisait deux coups de poing, pousser, scanner et ça c'était la technique façon IKMF. Si on faisait autre chose, même si c'était mieux, ça ne passait pas, c'était considéré comme une erreur. Nous allons apprendre la même chose, mais on ouvre la technique en plus, on a ré-intégrer les frappes mains ouvertes, avec l'avant bras, toutes ces contres attaques sont valables. Les élèves ont plus de possibilités, pourvu que ça soit logique, par rapport à la distance et aux principes du Krav-Maga. Avant ce n'était pas la logique, mais ce qu'il a dans la vidéo qui comptait, peut importe si la personne était plus grande, petite etc... Le travail est plus personnalisé maintenant et permet de s'adapter, par exemple si j'ai fais un grand déplacement et je ne peux pas frapper avec un coup de poing et il faut que je fasse un coup de pied.
Si Imi a dit "So one may walk in peace" ce n'est pas pour rien.
Oui d'ailleurs il quelques années, quand j'étais encore chez IKMF, ils ont dit qu'il fallait arrêter les préventions dans les passages de grades. Et là j'ai dit "mais justement c'est ça le Krav-Maga" et on m'a répondu qu'on ne pouvais pas parce que c'est plus difficile pour noter pour l'instructeur. Pourtant c'est l'objectif à atteindre, faire une technique de Krav-Maga c'est un échec dans la tactique. Si Imi a dit "So one may walk in peace" ce n'est pas pour rien : on sait que si on est attaqué on peut faire ça, ça et ça, mais il faut éviter de le faire le plus possible. Et c'est ça qui a été un peu oublié en route je pense.
Quand l'instructeur demande "Est-ce qu'il a des questions?" posez des questions, n'ayez pas honte de le faire!
Les élèves doivent toujours poser des questions quand ils ne comprenent pas quelque chose dans un cours. Parce qu'on réussi toujours mieux une technique qu'on comprend et dans laquelle on croit. Parce que sinon on est obligé de se souvenir d'une technique. Mais ce qu'il faut c'est comprendre c'est les principes et les situations. Cherchez la logique et les principes dans ce que raconte l'instructeur. En Krav-Maga tout a une raison et il a parfois plusieurs réponses à une question en fonction de la situation. Quand l'instructeur demande "Est-ce qu'il a des questions?" posez des questions, n'ayez pas honte de le faire!
Pour les instructeurs, regardez vos élèves, même s'il ne le disent pas vous pouvez voir s'ils ne comprennent pas. Prenez le temps de corriger correctement vos élèves. A la formation instructeur vous avez tous les conseils pour le faire. N'oubliez pas non plus qu'ils sont venus pour s'amuser et qu'ils doivent rentrer à la maison sans blessures.
Travailler lentement pour être "propre"
A mes débuts je travaillais beaucoup rapidement et agressivement que proprement. Et donc quand j'ai voulu évoluer j'ai dû "nettoyer" mes techniques. Depuis on a beaucoup amélioré la pédagogie en Krav-Maga et travailler lentement pour être "propre" en fait partie. On obtient de meilleurs résultats plus rapidement. La structure du cours et la façon de l'enseigner qu'on donne aux instructeurs fonctionne très bien, ils ne doivent pas se dire "ils vont s'ennuyer à telle ou telle étape", ça marche !
Développer Kravit, le Krav-Maga pour les femmes. Mais de façon plus générale, développer le Krav-Maga, que de plus en plus de gens le pratiquent, mais du vrai Krav-Maga. C'est à dire sans fausse confiance, qu'ils soient conscients de ce qu'il faut faire et des risques.
Et pour la France j'aimerais qu'on retrouve cet esprit très soudé entre les instructeurs comme il a existé. Ce n'est pas pour rien que Stéphane (Chatton), Jean-Paul (Jauffret), Pierre (Marquez) et moi ça fait 20 ans qu'on est toujours ensemble. Entraînez-vous ensemble les week-end pour resserer les liens et toujours progresser. C'est ce qui est important, la course au grade ne sert à rien, Pierre ou moi on a passé des années sans s'occuper de ça et je pense que ça nous a rendu meilleur. On a d'ailleurs supprimé les différents niveaux d'expert, car ils ne reprennaient que les techniques des différentes spécialités, on ne va pas demander à un militaire d'attendre expert 5 pour enseigner ce qu'il connait mieux que n'importe qui d'autre !
Avec plaisir !
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